français, partie textes du CRPE
synthèse, commentaire, analyse
en résumé…
la synthèse, comme avant dans la démarche, mais avec les allègements suivants suggérés :
introduction plus courte, resserrée
conclusion toujours courte avec une ouverture
on s’attache plus à répondre à une question qu’à une problématique, donc même avec un corpus étendu, on ne parle pas nécessairement de tout le contenu des textes
les textes ne comportent pas nécessairement autant d’informations et de concepts qu’avant, donc pas de panique si le développement de la synthèse semble parfois simpliste par rapport à avant : cette simplicité est un gage de clarté qu’il faut savoir entretenir…
chaque idée ou information doit être rattachée à l’auteur qui l’a émise
on n’explique pas les informations, on ne développe pas les concepts, on ne rajoute rien de ce qu’on sait de la question (sauf en ouverture de conclusion)
le plan détaillé exige toujours deux ou trois parties avec chacun des textes qui rentre dans chaque partie (puisqu’il faut les confronter…)
on ne cherche pas réellement à répondre à la question posée, mais à rendre compte (en rassemblant les accords et les désaccords entre textes) des infos que les textes apportent sur le thème concerné.
l’analyse, elle, va davantage demander une réponse à la question posée. Cette réponse sera donnée en conclusion qui devra être plus construite que celle de la synthèse (on se rapproche d’une conclusion de dissertation).
une question est posée, quels éléments dans le / les texte(s) me permettent d’y répondre ?
on ne cherche pas à organiser les réponses en confrontant les textes : on peut suivre les raisonnements des textes de façon linéaire (ce qui démarque clairement l’analyse de la synthèse)
la démarche est la suivante : une question est posée, comment ces textes y répondent-ils ?
on ne cherche pas à confronter les textes, on suit leur façon de répondre à la question, d’où la possibilité d’y répondre de façon linéairement : Le texte de X nous explique que … puis que….
attention : il faut éviter la paraphrase (répétition simple des infos données)… pour cela on montre que l’auteur a une façon à lui de nous présenter le problème… pour cela on utilise des outils d’analyse (!) simples :
le lexique : un mot particulièrement fort ; des modalisateurs (adverbes « peut-être, parfois », semi-auxiliaires « devoir, pouvoir », tournures « il se peut que », emploi du conditionnel…) qui montrent le doute ou l’atténuation ; un champ sémantique ou lexical bien développé…
des figures de style de base : la métaphore ou la comparaison, la répétition (l’anaphore, terme plus technique…), l’ironie (difficile à maîtriser mais donné en exemple avec le texte de Finkielkraut), l’hyperbole (ou exagération), la formule choc de l’oxymore (« Un merveilleux malheur », titre choc de B. Cyrulnik)…
le type de choix en syntaxe : des phrases courtes et percutantes ou plutôt des phrases à nombreuses propositions qui montrent les circonvolutions de l’auteur qui essaye d’éclaircir un problème complexe
la ponctuation : ? / ! / … sont souvent des signes d’émotion (auteur qui doute ou au contraire qui affirme fortement)
les types de phrase (emploi de tournures affirmatives ou négatives, de passif)
le choix des paroles rapportées (s’emparer ou non des paroles d’autres… les transcrire telles quelles pour les réfuter, par exemple ou les rappeler au style indirect pour les transformer…)
les indices forts dans l’énonciation : « je » qui revient souvent, ou « on » plus discret, ou « ils ; les chercheurs » derrière lesquels le narrateur s’efface…
Attention : ces indications ne doivent pas vous paniquer car il ne s’agit pas de faire un commentaire composé du texte, mais d’appuyer votre lecture du texte par la conscience qu’un auteur (un être vivant doué d’un cerveau) a écrit le texte à analyser en vue d’un objectif (transmettre ses idées, sa façon de voir la question posée…) : si, par quelques allusions discrète mais pertinentes vous jalonnez le travail d’analyse de la question en suivant l’ordre du texte, vous montrerez que vous n’êtes pas dupe de ce qu’est l’écriture…. écrire consiste à séduire, à influencer, c’est la base de la rhétorique : le langage destiné à autrui est fait pour plaire, convaincre, etc. DONC les auteurs écrivent dans cet objectif, donc leurs textes mettent en oeuvre des moyens stylistiques (techniques d’écriture) pour servir leur objectif, donc si vous le relevez vous montrerez vos qualités d’analyse….
Comment le faire ? Par exemple :
« L’auteur Y affirme fortement son attachement à des valeurs morales qu’il est nécessaire d’enseigner. Cette idée est soutenue dans son texte par un champ lexical du devoir redondant ainsi que par l’ironie qui se dégage de l’évocation d’une « vie nécessairement heureuse sans les entraves de la morale ». Cette évocation d’un bonheur que la période des années 70 n’a pas su apporter et conserver renforce encore ce que l’auteur reproche aux opposants systématiques de la morale…
on voit de cette façon que l’avis de celui qui analyse n’apparaît pas et que le texte est analysé (on dit comment l’information est donnée en plus de délivrer cette même information) sans qu’il s’agisse d’une simple répétition des infos ou idées…
la conclusion de l’analyse est donc plus longue et construite comme en dissertation :
les auteurs Y disent que… et X pense que…. On en déduit que la réponse à la question est : « …. », ce qui reste peut-être à nuancer si l’on pense aussi à ….
on cherche ainsi à répondre au nom des auteurs (ou à faire partager leurs divergences, ce qui n’a pas été le cas dans le développement, contrairement à la synthèse) et à ouvrir le débat (seul moment où l’on est autorisé à le faire).
le commentaire, de son côté, ne doit pas être vu comme une épreuve de commentaire littéraire, même si des informations du type de celles conseillées en analyse seraient les bienvenues. Il s’agit de mener une réponse personnelle à la question posée tout en s’appuyant sur le texte ou les textes à utiliser.
on construit le plan en se basant sur le texte à commenter (car chacune de nos parties doit être argumentée par les références au texte).
on construit des éléments de réponse à la question non pas en évoquant nos propres élucubrations mais en se basant sur des informations et faits tirés de notre culture personnelle, un peu comme en dissertation de philosophie pour lesquelles les bonnes copies sont celles qui se réfèrent aux penseurs et qui après seulement utilisent ces références pour apporter un regard différent sur la question; sauf qu’en commentaire, vous vous inspirez de références extérieures au texte pour y rattacher les références au texte concerné par l’épreuve
on ne doit pas s’éloigner du texte travaillé ni dériver (le hors sujet est facile ici, donc attention !)
il ne paraît pas absurde de contredire ce qu’avance le texte mais de façon subtile : « On peut penser que la morale enseignée il y a 40 ans a fait long feu quand on voit s’accumuler les titres de mensuels qui montrent une France à la recherche d’une nouvelle morale dans l’éducation. L’auteur s’appuie justement sur cette absence apparente de morale pour affirmer que la morale est omniprésente dans notre culture, que ce soit par sa présence ou par son rejet. Elle serait donc, pour lui, « vitale »… pas de vie sans morale, voilà qui peut surprendre ceux qui pensent qu’elle nuit à la liberté. »
on voit dans ce petit texte qu’on utilise une lecture stylistique (voir pour l’analyse plus haut) afin de soutenir nos références au texte… dans ces cas-là, la citation de mots ou d’extraits courts du texte est bienvenue…
le commentaire demande une introduction simple (introduire l’auteur du texte, expliquer que ce texte servira de support dans la recherche d’une réponse – si une question est posée – ou que son commentaire permettra d’aborder tel thème de telle façon (annonce du plan)
la conclusion peut ressembler à celle de l’analyse, en appuyant bien sur le texte concerné par le commentaire et, éventuellement, en exprimant une ou des divergences (on n’attend pas une polémique qui serait malvenue pour le concours, mais une prise de recul calme et raisonnée avec des modélisateurs permettant de montrer des capacités d’objectivité). Pas d’ouverture car cette dimension est contenue dans le développement de cet exercice…
le plan est à construire comme pour une dissertation, évoluant si possible du plus anecdotique au plus important, pas nécessairement linéaire (ce serait même peu souhaitable, bien que certains textes ne peuvent que suggérer ce type de développement) en gardant toujours à l’idée qu’on doit répondre à une question et qu’on doit soutenir nos arguments par le texte concerné.
Bien sûr, un commentaire qui montrerait que vous savez lire l’organisation stylistique de l’auteur est souhaitable : on peut aussi bien commenter la façon d’écrire que le contenu lui-même (les deux allant de pair)… « Il est d’ailleurs étonnant de voir à quel point l’auteur se réfère à des notions de morale sans jamais évoquer le mot lui-même, par peur peut-être de se voir considéré comme un réactionnaire ou un moraliste. Il n’emploie jamais à ce sujet que des métaphores ou des allusions et cette notion de morale que l’on sent implicite dans tout le texte montre bien la gêne qu’elle provoque.», par exemple…
voir exemple dans l’article consacré au commentaire… (cf texte de Levi-Strauss)…
Conclusion
Une même démarche d’analyse des textes pour les trois sortes d’épreuves possibles avec ensuite une façon différente d’aborder la rédaction de la synthèse, de l’analyse ou du commentaire…
La difficulté qu’auront les jurys à étalonner leur correction doit vous obliger à être particulièrement attentives envers la langue :
phrases courtes si vous manquez de clarté avec des longues
des articulations correctes qui peuvent rester discrètes (un connecteur au début de chaque phrase, c’est un peu lourd et souvent artificiel… maintenant que vous savez qu’il faut connecter, essayez des moyens détournés, comme les verbes : « X ajoute que / Y conforte cette information / Z s’oppose… »)
une relecture orthographique OBLIGATOIRE
une relecture lexicale qui permet d’éviter des répétitions trop proches
un allègement de la lourdeur du cadre de l’épreuve (si on peut faire une synthèse en évitant les gros sabots de « dans la première partie, cette seconde partie, en conclusion… »…) : si vous donnez au correcteur l’impression de lire un article de vulgarisation sur le sujet (de compte-rendu pour la synthèse, de réflexion sur d’autres auteurs pour l’analyse, de réflexion personnelle qui prend appui sur un auteur pour le commentaire), c’est gagné ! Vous ferez la différence…
Pensez que vous êtes lus par des être humains qui font des efforts pour considérer votre travail… si vous facilitez leur lecture dans le fond (stylo coulant pour que ce soit agréable à lire, présentation aérée, souligner avec une règle, pas d’abréviations…) et dans la forme (article plus que « devoir »), cela sera valorisé…